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SOULE ET SOLLEN                                                                                            > Pour Dubois, il ne fait aucun doute que

Le premier à s'épancher, dans les écritures, sur les origines du ballon rond dans notre pays fut le          le véritable centre de gravité du football
Dr Raeymaeckers. Dans les Annales de la Société d'Archéologie de Bruxelles, on trouve sous sa                belge se situe en province de Liège. « Au
plume un article intitulé : Une sorte de football au Moyen-Age à Tirlemont et à Jodoigne. (8)                19' siècle, l'Angleterre est un Empire qui
Cette variante était, à l'époque, connue sous le nom de Jeu de la Souille ou de la Soule. Auteur de          a des ressortissants dans tous les ports et
I'Histoire de la Ville de Jodoigne (9), l'abbé Robert Hanon de Louvet indique que «souille et souiller       dans toutes les villes industrielles » ob-
(pousser, jouer à la souille) sont des formes dialectales des vieux mots français soule et souler,           serve-t-il. « Il n' est donc pas surprenant
déjà employés au 12' siècle.j.ll premier terme désignait une boule ou balle àjouer, qu'elle fût,             que des citoyens de ce pirys aient été à
comme à l'origine, de peau remplie de crin ou, ensuite, de cuir bourré de son voire de bois, de              l'origine de la fondation du FC Antwerp,
plomb, de terre cuite. Suivant les régions et les patois, on disait soule ou salle, chaule ou choie à        qui a gardé son appellation anglaise. ·
Mons et dans le Tournoisis. L'autre terme exprimait, lui, l'action de jeu, qu'il fût joué par des enfants    Mais Spa, ville de détente, Üège et son
ou des grondes personnes ».                                                                                  bassin sidérurgique ainsi que Verviers et
Quant aux règles du jeu, elles furent décrites au 18' siècle par l'un de ses témoins oculaires l'éche-       son industrie lainière étaient, à l'époque,
vin_ Philipp&:André Crehen, qui rapporte que «le 25 mars, jour de !'Annonciation de la Vierg~, le            des bastions anglais. D'ailleurs, dès le
Bailli de la ville de Jodoigne avait coutume de jeter sur l'une ou l'autre campagne une boule, de la         18' siècle, la Cité Ardente avait son Col-
grosseur d'une forte tête humaine, pour éprouver si la force des jeunes, d'un côté, l'emportait sur          lège des Jésuites anglais, devenu ensuite
la v~leur des hommes mariés, de l'autre, et qu'à cet effet, on délimitait deux bornes tout àfait op-         l'Académie anglaise après l'abolition de
pos~es, pour vrnr celle des deux parties qui aurait la force de pousser la boule, ou bien la personne        la Compagnie de Jésus en 1773. »
qui etrnt en sa possession, jusqu'à l'endroit marqué pour signe de la victoire. Les gagnants étaient
alors complimentés par le chef de la municipalité et conduits au son du tambour, suivis des vain-               Dans ces écoles, le ballon au pied était
cus, jusqu'àl'hôtel de ville, où l'on célébrait la victoire par des libations de bière de Hougaerde. »       déjà présent aussi. On le sait grâce aux
«Etant donné les dégâts occasionnés aux cultures et l'obligation pour la ville de payer les indemni-         réminiscences de l'un de ses anciens
tés aux plaignants, ce jeu relativement violent fut interdit en 1780 » observe Jean.Jacques Gaziaux          élèves, le vicomte Joseph-Alexis ...
dans son ouvrage Echos de 75 ansdeFootballàJodoigne (10).                                                    Walsh. Dans ses Souvenirs de 50 ans
~on loin de là , àTirlemont, même topo .Avec des recherches menées d'abord, en 1945, par Jan               · (7), celui-ci écrit que lorsqu'un condisci-
Undemans dans De Speelterreinen van onze voorouders (11) et, plus tard, par Ann Yan Roey                     ple est venu annoncer à ses camarades
dans son mémoire de licence en éducation physique pour la KUL en 1986 : Volkssporten en topo-                l'exécution à Paris du roi Louis XVI le
nymie :bijdrage toi de Vlaamse Volkssport Dossiers (12). Tous deux relèvent dans leur publication            21 janvier 1793 « nous étions fort ani-
bon nombre de termes ou de lieux ou le mot sol/en ou l'une de ses variantes est utilisé. On cite~a,          més à une partie de foot-ball, ballon
entre autres, des noms de localité comme Sollenheide, Solleweide, Solleveld, Solhof, ou encore,              lancé avec le pied ». Le Plan des Etudes
P?ur_les Bruxellois, la fameuse plaine du Solbosch,où on sait que le foot aété pratiqué aux temps            del ' Académie, publié en 1776, précisait
h~ro1ques. Il est symptomatique de constater aussi que le verbe sol/en existe toujours en langue             bien que : « Pour donner aux élèves
neerlandaise aujourd'hui. «Niel metzich /aten sol/en » équivaut à«ne pas se laisser faire ,, ou «ne          quelque relâche, comme aussi pour forti-
pas se laisser marcher sur les pieds ».                                                                      fier leur santé, on a soin de leur procurer
                                                                                                             les amusements et les exercices de corps
                                                                                                             les plus convenables : la promenade, le
                                                                                                            jeu de paume et aussi de ballon au
                                                                                                             pied.»

          Une photo en noir et blanc du FC Liège et un tableau représentant les mêmes
          Sang et Marine en 1899à Cointe. L'œuvre, de l'artiste Florent Desoer, est la

                          plus ancienne relative à une scène de football en Belgique.
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